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Urgences 2012 - Discours Marc GIROUD
Discours Marc GIROUD Congrès Urgences 2012
Madame la Ministre, Chers Collègues,
L'an dernier j'avais centré mon propos sur les financements de l’urgence en demandant qu’ils soient remis à plat pour devenir vertueux ; c’est-à-dire pour qu’ils incitent les établissements à la meilleure prise en charge possible des patients en urgence… et pas l'inverse.
Cette demande a été prise en compte par votre prédécesseur et un chantier a aussitôt été ouvert par la DGOS.
Nous remercions, au passage, vos services avec qui nous travaillons sur ce sujet — comme sur tant d’autres (les indicateurs, par exemple) — dans un climat de confiance. Et je salue ici les représentants de la DGOS : Vincent BEAUGRAND, que vous venez de faire passer à votre cabinet (ce dont nous nous félicitons), Perrine RAME-MATTHIEU qui lui succède, Natacha LEMAIRE, François-Xavier SELLERET, nouveau directeur général, auprès de qui, sans perdre une seconde, nous avons aussitôt trouvé une écoute attentive et constructive.
En dépit de cela, le chantier sur les financements n’a pas encore abouti.
Nous comprenons bien que la tâche est lourde — plus lourde que prévu.
Mais aujourd’hui, Madame la Ministre, nous vous redisons notre impatience.
C’est essentiel. Nos patients vivent, en effet, au quotidien les inconvénients — souvent très pénalisants — des dispositifs actuels.
Vous venez tout juste, Madame la Ministre, de prendre vos fonctions.
Et nous nous félicitons de l'intérêt que vous avez immédiatement porté aux urgences hospitalières.
Votre visite de nuit aux urgences de Saint-Denis, vos propos sur la place éminente du service public hospitalier et votre annonce de mesures rapides sont, pour nous, autant de signes très positifs.
Nous regrettons cependant que, dans le même mouvement, vous ayez manifesté une attention aussi soulignée aux maisons médicales de garde… comme si ces structures représentaient l’espoir d’une solution aux difficultés des urgences hospitalières.
Cela fait plus de dix ans que les maisons médicales de garde nous sont présentées comme « la » solution à la surcharge des urgences.
Et dix ans que nous voyons bien qu’il n’en est rien !
L’efficience de ces structures n’a jamais, nulle part, été prouvée.
En outre, leur développement ne résoudrait, tout au plus, qu’une partie très limitée de la problématique des structures d’urgence.
Nous disons et nous redisons que les Maisons Médicales de Garde sont un élément de la Permanence des soins ambulatoires, mais qu’elles ne sont en rien — ou si peu — à considérer dans le champ de l’urgence hospitalière. Même lorsqu’elles sont adossées à un hôpital d’urgence.
La question importante à régler, ce n’est pas celle du filtrage à l’entrée des urgences.
La priorité des priorités, c’est de gérer convenablement l'aval des urgences.
C'est, en effet, l'absence d'une organisation efficace de l'hospitalisation en aval des urgences qui engendre la plupart des difficultés dont souffrent les patients.
C’est l’accumulation dans les couloirs de patients lourds en attente d’hospitalisation qui plombe l’efficacité des urgences.
Ces patients qui souffrent d’être là à attendre de très longues heures dans un grand inconfort physique et moral, sont, médicalement, en situation de « perte de chance ».
De plus, parce qu’ils captent une grande part de l’énergie des soignants et parce que les urgentistes passent un temps fou à chercher pour eux un lit d’hospitalisation, ils entrainent, par contrecoup, un perte de chance pour les autres patients.
Nous demandons que soit mis en place, dans chaque hôpital doté d’un service des urgences, un dispositif de gestion des hospitalisations en aval des urgences. Et nous précisons que la responsabilité de ce dispositif ne doit pas reposer sur le service des urgences, mais sur l’établissement dans son ensemble.
Voilà pour la partie intra-hospitalière de l’urgence.
Un mot, à présent, sur la partie pré-hospitalière.
La régulation médicale est présentée comme le pivot de l'organisation pré-hospitalière et notamment de la permanence des soins ambulatoires.
C’est tout à fait logique.
Malheureusement, et vous le savez, l'accès au service public de la permanence des soins ambulatoires peut aussi se faire « en direct » sur les associations de permanence des soins ambulatoires. Ceci compromet sérieusement la cohérence et l'efficience du dispositif.
Nous nous permettons, Madame la Ministre, de vous demander — en attendant de pouvoir remettre de la cohérence dans les textes — de veiller à ce que les ARS renforcent les moyens des Samu-centres 15 et encouragent la participation des généralistes libéraux au fonctionnement de ces structures qui sont un très bel exemple de partenariat ville-hôpital et qui rendent de grands services aux patients en leur offrant une gamme très ouverte de réponses, allant du simple conseil médical, habituellement délivré par le généraliste, jusqu’à la prise en charge la plus lourde et la plus performante, gérée par les urgentistes.
Les urgentistes… Je termine ce propos par les urgentistes.
Les difficultés du quotidien vécues par les urgentistes altèrent leur « qualité de vie au travail »
et compromettent sérieusement l’attractivité de la médecine d'urgence.
Devant vous, Madame la Ministre, vous avez des urgentistes enthousiastes parce qu’ils aiment leur métier… mais inquiets.
Les jeunes urgentistes ne restent pas dans les structures les plus lourdes. Là où, précisément, ils sont les plus utiles… les plus indispensables.
Les jeunes urgentistes passent, dans les structures les plus lourdes, juste le temps nécessaire à leur formation… puis s’en vont… généralement à regret… mais ils n’en peuvent plus et aspirent à une vie acceptable.
Et les responsables des structures d’urgence passent le plus clair de leur temps dans une course effrénée au recrutement… souvent avec angoisse (comme c’est le cas en ces périodes d’été avec des tableaux de service qui ont encore des « trous » sur juillet et août... voire juin).
Pour garantir à tous les patients un accès rapide aux soins d’urgence, il faut, entre autres, des urgentistes…
Une réflexion a été engagée, au sein du CNUH, pour définir les conditions de l’attractivité de la médecine d'urgence.
En quelques mots, une telle attractivité repose sur trois piliers :
Toutes ces questions, nous le savons, ne se règleront pas en un jour.
Pour les approfondir, nous vous invitons aux premières assises de l'urgence que nous organisons à Paris le 13 septembre prochain.
Merci, Madame la Ministre, de votre présence ici et de votre écoute.
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Madame la Ministre, Chers Collègues,
L'an dernier j'avais centré mon propos sur les financements de l’urgence en demandant qu’ils soient remis à plat pour devenir vertueux ; c’est-à-dire pour qu’ils incitent les établissements à la meilleure prise en charge possible des patients en urgence… et pas l'inverse.
Cette demande a été prise en compte par votre prédécesseur et un chantier a aussitôt été ouvert par la DGOS.
Nous remercions, au passage, vos services avec qui nous travaillons sur ce sujet — comme sur tant d’autres (les indicateurs, par exemple) — dans un climat de confiance. Et je salue ici les représentants de la DGOS : Vincent BEAUGRAND, que vous venez de faire passer à votre cabinet (ce dont nous nous félicitons), Perrine RAME-MATTHIEU qui lui succède, Natacha LEMAIRE, François-Xavier SELLERET, nouveau directeur général, auprès de qui, sans perdre une seconde, nous avons aussitôt trouvé une écoute attentive et constructive.
En dépit de cela, le chantier sur les financements n’a pas encore abouti.
Nous comprenons bien que la tâche est lourde — plus lourde que prévu.
Mais aujourd’hui, Madame la Ministre, nous vous redisons notre impatience.
C’est essentiel. Nos patients vivent, en effet, au quotidien les inconvénients — souvent très pénalisants — des dispositifs actuels.
Vous venez tout juste, Madame la Ministre, de prendre vos fonctions.
Et nous nous félicitons de l'intérêt que vous avez immédiatement porté aux urgences hospitalières.
Votre visite de nuit aux urgences de Saint-Denis, vos propos sur la place éminente du service public hospitalier et votre annonce de mesures rapides sont, pour nous, autant de signes très positifs.
Nous regrettons cependant que, dans le même mouvement, vous ayez manifesté une attention aussi soulignée aux maisons médicales de garde… comme si ces structures représentaient l’espoir d’une solution aux difficultés des urgences hospitalières.
Cela fait plus de dix ans que les maisons médicales de garde nous sont présentées comme « la » solution à la surcharge des urgences.
Et dix ans que nous voyons bien qu’il n’en est rien !
L’efficience de ces structures n’a jamais, nulle part, été prouvée.
En outre, leur développement ne résoudrait, tout au plus, qu’une partie très limitée de la problématique des structures d’urgence.
Nous disons et nous redisons que les Maisons Médicales de Garde sont un élément de la Permanence des soins ambulatoires, mais qu’elles ne sont en rien — ou si peu — à considérer dans le champ de l’urgence hospitalière. Même lorsqu’elles sont adossées à un hôpital d’urgence.
La question importante à régler, ce n’est pas celle du filtrage à l’entrée des urgences.
La priorité des priorités, c’est de gérer convenablement l'aval des urgences.
C'est, en effet, l'absence d'une organisation efficace de l'hospitalisation en aval des urgences qui engendre la plupart des difficultés dont souffrent les patients.
C’est l’accumulation dans les couloirs de patients lourds en attente d’hospitalisation qui plombe l’efficacité des urgences.
Ces patients qui souffrent d’être là à attendre de très longues heures dans un grand inconfort physique et moral, sont, médicalement, en situation de « perte de chance ».
De plus, parce qu’ils captent une grande part de l’énergie des soignants et parce que les urgentistes passent un temps fou à chercher pour eux un lit d’hospitalisation, ils entrainent, par contrecoup, un perte de chance pour les autres patients.
Nous demandons que soit mis en place, dans chaque hôpital doté d’un service des urgences, un dispositif de gestion des hospitalisations en aval des urgences. Et nous précisons que la responsabilité de ce dispositif ne doit pas reposer sur le service des urgences, mais sur l’établissement dans son ensemble.
Voilà pour la partie intra-hospitalière de l’urgence.
Un mot, à présent, sur la partie pré-hospitalière.
La régulation médicale est présentée comme le pivot de l'organisation pré-hospitalière et notamment de la permanence des soins ambulatoires.
C’est tout à fait logique.
Malheureusement, et vous le savez, l'accès au service public de la permanence des soins ambulatoires peut aussi se faire « en direct » sur les associations de permanence des soins ambulatoires. Ceci compromet sérieusement la cohérence et l'efficience du dispositif.
Nous nous permettons, Madame la Ministre, de vous demander — en attendant de pouvoir remettre de la cohérence dans les textes — de veiller à ce que les ARS renforcent les moyens des Samu-centres 15 et encouragent la participation des généralistes libéraux au fonctionnement de ces structures qui sont un très bel exemple de partenariat ville-hôpital et qui rendent de grands services aux patients en leur offrant une gamme très ouverte de réponses, allant du simple conseil médical, habituellement délivré par le généraliste, jusqu’à la prise en charge la plus lourde et la plus performante, gérée par les urgentistes.
Les urgentistes… Je termine ce propos par les urgentistes.
Les difficultés du quotidien vécues par les urgentistes altèrent leur « qualité de vie au travail »
et compromettent sérieusement l’attractivité de la médecine d'urgence.
Devant vous, Madame la Ministre, vous avez des urgentistes enthousiastes parce qu’ils aiment leur métier… mais inquiets.
Les jeunes urgentistes ne restent pas dans les structures les plus lourdes. Là où, précisément, ils sont les plus utiles… les plus indispensables.
Les jeunes urgentistes passent, dans les structures les plus lourdes, juste le temps nécessaire à leur formation… puis s’en vont… généralement à regret… mais ils n’en peuvent plus et aspirent à une vie acceptable.
Et les responsables des structures d’urgence passent le plus clair de leur temps dans une course effrénée au recrutement… souvent avec angoisse (comme c’est le cas en ces périodes d’été avec des tableaux de service qui ont encore des « trous » sur juillet et août... voire juin).
Pour garantir à tous les patients un accès rapide aux soins d’urgence, il faut, entre autres, des urgentistes…
Une réflexion a été engagée, au sein du CNUH, pour définir les conditions de l’attractivité de la médecine d'urgence.
En quelques mots, une telle attractivité repose sur trois piliers :
- un juste calibrage des moyens en suivant le référentiel Samu-Urgences de France,
- la prise en compte de la dangerosité pour les patients d’avoir à faire, en nuit profonde et au petit matin, à des organisations dont la responsabilité repose sur des professionnels travaillant au-delà de leurs forces, sans avoir, dans les structures les plus lourdes, la possibilité de marquer une pause en alternant avec un collègue pour partager la nuit profonde,
- la reconnaissance pour les urgentistes d’un temps de travail suffisant « non posté » afin que chacun ait du temps à consacrer à la recherche clinique et à sa propre formation continue : pour laquelle, outre le temps, il faut aussi des équipements appropriés, notamment des simulateurs de situations d’urgence.
Toutes ces questions, nous le savons, ne se règleront pas en un jour.
Pour les approfondir, nous vous invitons aux premières assises de l'urgence que nous organisons à Paris le 13 septembre prochain.
Merci, Madame la Ministre, de votre présence ici et de votre écoute.