Communiqués de Presse
Cette page regroupe les communiqués de SUdF.
Janvier 2025 : Tension sanitaire extrême, Conséquence d’une insuffisance d’anticipation et de pilotage ?
L’année 2025 s’ouvre sur une nouvelle période de crise pour les hôpitaux français, plus particulièrement les structures d’urgence, occasionnée par la superposition d’une offre de soins saturée et d’une épidémie de grippe virulente à cinétique rapide.
UN CONSTAT ACCABLANT ET POURTANT EVITABLE
Le défi de la continuité des soins en période de congés scolaire de fin d’année : C’est anticipable !
Depuis des années, la période des congés de fin d’année voit un effondrement de l’offre de soins publique et privée, tant hospitalière que libérale. Pour autant les besoins de soins non programmés ne diminuent pas en cette période hivernale. Tous les ans, les SU font partie des rares ressources à continuer à répondre sans limitation et à devoir encaisser les demandes de soins qui ne trouvent pas réponse dans l’offre de soins conventionnelle. Pendant la même période, les établissements de santé diminuent leur nombre de lits d’hospitalisation. Pour autant, les besoins d’hospitalisation non programmés (Besoin Journalier Minimal en Lits) ne diminuent pas, et même au contraire augmentent.
L’anticipation des besoins d’hospitalisation d’une épidémie de grippe : Les solutions existent !
L’épidémie de grippe actuelle est certes virulente, mais ne présente pas de caractéristiques relevant d’un plan de gestion de crise exceptionnelle. Les besoins de soins de la population en termes de recours à une offre ambulatoire et de capacité d’hospitalisation sont facilement dimensionnables à partir des données des années antérieures, et devraient relever d’un plan prévisionnel pour répondre à ces situations.
En Juillet 2020, Olivier VERAN ministre de la santé annonçait 50 millions d'euros pour créer 4.000 lits « à la demande » dans les hôpitaux dès l’hivers suivant, pour permettre « de prévoir l'ouverture ou la réouverture de lits dans les structures selon les besoins » pour que les établissements puissent « s'adapter à la suractivité saisonnière ou épidémique ». Qu’en est-il de cette annonce sur le plan factuel ?
Le pilotage préventif de ces périodes :
Les actions mises en œuvre sont majoritairement des solutions de gestion de crise en réaction à une situation où l’offre de soin est déjà dépassée.
Que font toutes nos ARS et le Ministère de la Santé et de l’Accès aux Soins pour anticiper ces crises récurrentes ? Où sont les mesures pour maintenir l’offre de soins libérale suffisante et répondre aux besoins de soins ambulatoires ? Où sont les mesures pour disposer du capacitaire hospitalier suffisant afin de pouvoir hospitaliser tous les patients qui le nécessitent ? Où sont les mesures pour disposer de places en Soins Médicaux et de Réadaptation (SMR) et en établissements médico-sociaux afin de libérer des places d’hospitalisation en service MCO sur-occupés ? Où sont les mesures pour conserver des filières de soins opérationnelles et maintenir une offre de soins en permanence de soins ambulatoire (PDSA) et en établissement de santé (PDSES) afin de répondre aux besoins en soins de la population ? Où sont les mesures de gestion des lits de soins critiques et de soins intensifs ? Ce travail relève d’un dispositif d’anticipation nécessitant l’association large de tous les professionnels tant en ville qu’à l’hôpital, dépassant évidemment la seule médecine d’urgence.
Il est par conséquent du devoir d’alerte de SAMU-Urgence de France de signaler la dangerosité de cette situation et des conséquences néfastes sur la qualité et la sécurité des soins et prévenir les morts évitables. Année après année, gouvernements après gouvernements, nous interpellons les pouvoirs publics sur ces sujets qui touche la santé de nos concitoyens qui reste le deuxième sujet de préoccupation des Français.
RESULTATS DE L’ENQUETE FLASH SAMU-URGENCES DE FRANCE
Au-delà de la centaine d’établissements ayant déclenché un plan blanc annoncée par le Ministère de la Santé et de l’Accès aux soins le 9 janvier dernier, l’enquête flash menée par SAMU-Urgences de France du 9 au 12 janvier 2025 a cherché à mesurer les conséquences organisationnelles de cette situation.
Cette enquête menée auprès de 6 établissements privés et 126 établissements publics (représentant 27% des établissements publics autorisés à la médecine d’urgence) issus de 76 départements métropolitains concernait l’observation de la situation sur la période du 20 décembre 2024 au 12 janvier 2025.
Une tension majeure et généralisée sur les établissements de santé
Un plan de mobilisation interne des établissements (ou plan hôpital en tension) ou un plan blanc ont été déclenchés à grande échelle, traduisant des tensions massives :
- 85 % des établissements répondants ont activé un plan "Hôpital En Tension" (HET),
- 37 % ont déclaré un plan blanc, et 9% s’apprêtent à le déclencher,
- Seuls 11% des établissements n’ont déclenché aucun de ces 2 dispositifs
Ces tensions sont principalement dues :
- A la saturation des services d'aval des urgences (90 % des répondants).
- A l’activité épidémique accrue (79 %).
- A l’afflux massif de patients aux urgences (69 %).
Des réponses de gestion de crise limitées
Face à ces défis, les établissements ont adopté différentes stratégies pour tenter de contenir la crise :
- Augmentation des capacités d'hospitalisation en aval des urgences pour 70%,
- Réorganisation des activités de soins pour 43%,
- Déprogrammation d’activités médicales et des activités chirurgicales pour 33% Mobilisation des ressources d'hospitalisation des établissements voisins/du territoire pour 33%.
Impacts sur l’organisation des Structures d’Urgence (SU) :
L’aval des urgences défaillant (inadéquation entre le nombre de lits disponibles et les besoins d’hospitalisation des patients) et pour partie une affluence aux urgences majorée ont induit une surtension dans les SU durant cette période.
Conséquence immédiate, 93% des SU ont vu une augmentation importante du nombre de « patients brancards » attendant un lit d’hospitalisation le matin dont 45% ont augmenté de plus de 50%. La durée de passage aux urgences a augmenté en moyenne de plus de 30% avec les impacts sur la morbi-mortalité maintenant connus de tous.
Pour atténuer ces impacts, des mesures ont été prises au sein des SU pour atténuer ces impacts :
- Renfort médico-paramédical : 60%,
- Augmentation des zones d’attente au sein des urgences : 30%
- Ouverture d’une zone d’hospitalisation post-urgence spécifique : 26%
- Mise en place d’une régulation médicale d’accès aux urgences par le SAMU-SAS : 17%
Impacts sur les SAMU-SAS
68% des SAMU-SAS ont enregistré une hausse significative des appels entrants, avec une augmentation de plus de 20 % pour près d’un tiers des répondants, et de plus de 40 % pour près de 20 % d’entre eux.
Face à ces difficultés de fonctionnement moins de 10% des SAMU-SAS ont pu avoir recours à des renforts de ressources de médecins régulateurs, ARM ou OSNP.
Une conséquence prévisible : des évènements graves
Enfin 39 établissements (30% des établissements concernés par l’enquête) affirment avoir déclaré des évènement indésirables graves liés aux soins (EIGS) consécutifs à cette surtension de nos services et à la dégradation de la qualité et de la sécurité des soins.