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CP-SUdF [14/11/2018] : Le SAMU, chronique d’une fin organisée ?
A l’occasion des trois ans de la création de la spécialité de médecine d’urgence, Samu-Urgences de France, inquiet sur l’avenir de cette spécialité, souhaite poser les tenants et aboutissants des débats en cours sur les numéros d’urgence.
Nous connaissons bien les risques liés à un « passage en force » du numéro unique 112 porté par le décret du 8 octobre 2018 (1) qui, en l’état, attribue au seul Ministère de l’Intérieur la gestion des appels d’urgence, incluant ceux de la Santé. Ce choix aboutira à la disparition annoncée, et réclamée par certains, de la régulation médicale du Samu avec ses conséquences funestes pour notre système de santé tout entier.
Il n’y a par contre aucun risque à promouvoir deux numéros d’urgence « en même temps », l’un « sécurité/secours » et l’autre « santé ».
- Cela diminue de façon drastique les numéros d’urgence comme l’a demandé le Président de la République.
- Le coût sera limité, en tout cas pour la santé.
- Les Samu assurent déjà la réception de l’aide médicale urgente, de la permanence du médecin de garde, et demain des centres anti-poisons. Ceci représente la grande majorité de tous les appels d’urgence.
- Un numéro unique « santé » n’aura donc pas d’effet sur le nombre des appels déjà traités par la régulation médicale. A l’inverse, un numéro unique ne pourra pas, demain, assurer le traitement efficient de tous les appels destinés à la police, la gendarmerie, les sapeurs-pompiers et la Santé.
- Cela permet à chaque service de continuer ses développements métiers : SI-Samu (système informatique national unique des Samu), articulation des Samu-Centre 15, développements et utilisation des outils numériques dont le dossier médical partagé (DMP), l’Intelligence Artificielle …
- Cela permet de capitaliser sur les travaux déjà en cours d’interconnexion entre les services de l’État, élément opérationnel essentiel.
- Cela laisse le temps à une véritable analyse d’impact du choix, éventuellement en seconde intention, d’un numéro unique pour tous les services.
- Cela sécurise la réponse urgente par deux plateformes complémentaires qui peuvent se suppléer en cas de surcharge ou de défaillance technique.
- Cela permet d’afficher une plateforme unique moderne, virtuelle, voire exceptionnellement physique mais à l’hôpital, si des circonstances locales l’exigeaient.
Cette évolution, résolument tournée vers l’avenir et les nouvelles technologies, serait idéalement portée par une délégation interministérielle auprès du 1er Ministre associant Santé, Intérieur, Numérique, Défense, Transports.
Une campagne de communication équivalente sur la connaissance de ces deux numéros sera indispensable.
Ce plaidoyer a comme seul but de préserver et développer les qualités de notre système de soins d’urgence au bénéfice direct de nos patients.
Docteur François BRAUN
(1) Décret n°2018-856 du 8 octobre 2018 portant création de l'Agence du numérique de la sécurité civile