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Discours de Marc GIROUD lors de la réunion de Lancement du ROR-IF
1. HISTORIQUE DU RÉPERTOIRE OPÉRATIONNEL DES RESSOURCES (ROR)
Les premières réflexions sur ce thème remontent à 1995, à l’occasion de la rédaction d’un ouvrage sur le thème « Gérer la Qualité et les Risques à l’hôpital » sous la conduite de Gérard VIENS (Chaire Essec Santé) et Pierre ANHOURY. À l’occasion de la journée « Urgences et réseaux de soins » le 10 octobre 1997 (organisée conjointement par Samu 95 et Essec santé), nous avions remarqué que les informations communiquées par les différents services d’accueil n’étaient pas toujours fiables et nous en avions conclu à la nécessité d’un « acte d’engagement de chaque établissement » pour que l’information qui circule ne repose plus sur les seules dires des praticiens directement concernés…
Jean-François MATTÉI, ministre de la santé, avait été frappé de nous entendre dire que nous ne savions pas très bien comment trouver en urgence un dentiste, un ORL, un endoscopiste, une équipe chirurgicale… Le ministre avait aussitôt soutenu l’idée d’un répertoire fiable. Ainsi, dans la circulaire du 16 avril 2003 sur les urgences, est mentionné pour la première fois le « répertoire des ressources » comme un indispensable outil de l’orientation des patients.
À partir de là, nous avons eu, en février 2005, avec Jean-Yves GRALL (à l’époque médecin conseiller à l’ARH Ile-de-France), les premiers échanges concrets sur la façon de mettre en pratique ce concept. Concept définitivement installé par les décrets urgences de 2006 qui prescrivent : « Un répertoire opérationnel des ressources » avec « les modalités d'accès à ces ressources » (Art D6124-25).
Voilà, pour ce qui est de l’histoire… ou plutôt de la pré-histoire devrais-je dire… laissant à d’autres le soin de relater l’histoire de la mise en œuvre de ce ROR.
2. – MAIS POURQUOI CETTE IDÉE DE ROR ?
Le rationnel tient en 7 points :
1. Les urgentistes ont besoin de connaître les ressources éventuellement accessibles.
2. Spontanément, c’est le plus grand flou ; il n'y a aucun « formalisme » dans la présentation des offres de soins ; les offres de soins émanent généralement des praticiens, sans validation, ni par l'établissement ni par l'Agence régionale.
3. La coordination entre toutes les offres est insuffisante (avec des « trous »)
4. L'accès aux ressources n'est pas décrit (un jour, c'est un circuit, le lendemain, pour un cas identique, c‘est un autre circuit, du genre « je ne fais les endoscopies digestives que pour les patients déjà hospitalisés dans mon hôpital », tandis que la veille l’endoscopiste acceptait les hémorragies digestives adressées de l’extérieur…).
5. Des ressources, pourtant officiellement affichés, sont en fait « réservées » soit aux seuls patients de l'établissement, soit encore aux patients présentant telle ou telle caractéristique ; caractéristique non mentionnée dans la désignation officielle (ex : USIC refusant les urgences cardiologiques non coronariennes, alors que la désignation officielle est « soins intensifs cardiologiques » et pas « soins intensifs coronariens »).
6. L'Ile de France est la région où le besoin d'une formalisation de la présentation de l’offre est la plus nécessaire, parce que le tissu est plus complexe qu’ailleurs (« embarras du choix ») ; c’est en outre une région phare imitée par d’autres régions.
7. Le premier besoin est celui d’une liste, officiellement validée, des ressources en permanence ou temporairement offertes par l'ensemble des établissements pouvant recevoir des urgences, soit en service des urgences, soit en filière spécialisée que l’établissement, dans ce dernier cas, dispose ou non d’un service des urgences (il s’agit, par exemple, de savoir de façon fiable que tel établissement dispose d’un chirurgien vasculaire aux heures ouvrables et que l’accès à cette ressource est le numéro de portable suivant) ; les informations contenues dans ce répertoire doivent, certes, être actualisées, mais la disponibilité en temps réel des ressources est une seconde question… une question liée, mais différente.
3. QUELLES SONT LES CLÉS DU SUCCÈS DE CE ROR ?
Il y en a trois :
1. que les informations soient, au départ, fiables et pour cela d’abord certifiées par un acte d’engagement de chaque établissement (donc plus qu’un simple « déclaratif »)
2. que l’ARS assure elle-même la coordination d’ensemble et la distribution des informations
3. qu’une évaluation « serrée » soit réalisée avec l’ensemble des acteurs concernés.
4. QUELS SONT LES SCÉNARIOS CATASTROPHE ?
1. Scénario 1 : Chaque région crée son propre dispositif aboutissant à un ensemble non interopérable, très pénalisant pour les patients frontaliers, pour l’accès aux ressources rares et pour les situations de crise
2. Scénario 2 : Les informations, bien que formellement exactes et parfaitement présentées, ne sont pas convenablement évaluées et le décalage se creuse entre le ROR et la « vraie vie »… ce qui discrédite, naturellement, l’ensemble du dispositif.
5. POUR CONCLURE
1. Consacrer beaucoup d’énergie à l’évaluation de la façon dont tout cela fonctionne ; voir comment certains acteurs vont biaiser les cartes ; démasquer les conditions cachées d’accès à telle ou telle ressource ; repérer les services fonctionnant « à guichet fermé », analyser les refus (notamment nocturnes) en mettant en place des « registres des réponses »…
2. Inscrire le plus vite possible tout cela dans le système d’information piloté par l’ASIP Santé
1. Faire émerger de nouveaux métiers, ou du moins de nouvelles fonctions dans l’hôpital pour la gestion des ressources en urgence.
C’est donc heureux et confiant… mais aussi vigilant que j’aborde cette nouvelle étape de la vie du ROR.