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Discours de Marc GIROUD, président de Samu-Urgences de France au Congrès Urgences 2011 en présence du Ministre de la Santé Xavier BERTRAND
Vous avez face à vous des urgentistes… tous inquiets. Plus qu’inquiets. Certains sont en colère. D’autres – pire – résignés, démobilisés et prêts à quitter la galère. Tandis que les plus jeunes hésitent à s’y engager.
Vous êtes en train de vous demander si je ne force pas un peu le trait… Sans doute ! Pour être entendu ; mais pas tant que cela !
Une piste nous semble prioritaire : mettre en place des financements qui nous aident à prendre en charge les patients. Ce qui n’est pas toujours le cas actuellement. En voici la démonstration en cinq points.
1. Les financements des « Missions d’intérêt général » sont rabotés. Quel triste symbole que de reculer sur les missions d’intérêt général !
Les Smur sont les premières cibles des coupes budgétaires. Alors que, dans la logique HPST, il faudrait plutôt les renforcer pour garantir, sur tout le territoire, la sécurité des patients les plus graves.
2. Les urgences privées commerciales et les urgences publiques sont traitées selon les mêmes règles. Elles sont utiles toutes les deux, mais elles ne rendent pas le même service.
Les premières assurent une prise en charge optionnelle et sélectives, tandis que les secondes (les urgences publiques) assurent seules le service public de l’urgence.
3. Les établissements qui se regroupent territorialement pour assurer les urgences offrent un meilleur service aux patients ; c’est du reste ce que recommande HPST tout autant que Samu-Urgences de France.
Mais, par exemple, le Centre hospitalier départemental de Vendée (qui regroupe Luçon et Montaigu autour de la Roche-sur-Yon) perd chaque année un million d’euros pour s’être regroupé en un seul établissement par rapport à ce dont bénéficieraient, au total, ces trois sites s’ils étaient restés séparés !
4. La mutualisation entre Samu-Smur et Urgences que nous encourageons pour d’évidentes raisons pratiques autant que médicales est frappée par une décote financière de 20%. Drôle de « récompense » pour les bons élèves !
5. Les règles de financement de l’urgence au sein des établissements sont compliquées, illisibles, variables d’un établissement à l’autre et généralement contre-productives. Il n’est pas possible ici de les détailler, soulignons juste un point : l’aval des urgences est soumis à la dure concurrence entre les activités rentables et celles qui ne le sont pas. Et malheureusement, nos patients âgés, polypathologiques de gravité moyenne ne sont pas les plus compétitifs dans l’univers impitoyable de la T2A.
Voici pourquoi, Monsieur le Ministre, le moral des urgentistes n’est pas bon.
Voici, surtout, pourquoi les jeunes viennent dans nos services apprendre la médecine d'urgence, pratique qui les passionne et leur donne le sentiment profondément gratifiant de se rendre utile… mais ils ne s’y engagent que pour les quelques années de cet apprentissage.
À continuer sur cette piste, il n’y aura bientôt plus grand monde pour répondre aux besoins de santé urgents de nos concitoyens.