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Discours du Président de Samu de France lors du Congrès Urgences 2008

Publié le 05/06/2008
Tags : Infos du CA Conférence Urgence
Discours de Marc GIROUD, Président de Samu de France
en présence de Madame la Ministre de la Santé, au  Congrès Urgences 2008


Madame la Ministre,

Merci de votre présence ici.
Merci d’être en permanence à notre écoute, directement ou par vos services et votre cabinet (notamment Annie PODEUR et son équipe de la Dhos et Véronique BILLAUD de votre cabinet).

Vous avez devant vous des urgentistes :
  • heureux, très heureux, d’avoir la confiance du public : dans l’enquête Sofres réalisée par la Société Française de Médecine d’Urgence et de  Samu de France, 91% des personnes interrogées disent leur confiance dans les structures hospitalières d’urgence (Samu, Smur, Services des urgences) ;
  • mais néanmoins inquiets, très inquiets… et je vais vous dire en quelques mots pourquoi.
Sur trois plans.

Le premier plan est le plan social.

Nous avons été en grève de longues semaines. Ce n’était pas de gaité de cœur. Mais c’était une vraie et profonde expression d’inquiétude.

Pour quelles raisons ?

En deux mots :
  • Nous demandons que l’urgence soit reconnue au sein de l’hôpital au même titre que l’activité programmée ; or ce n’est pas le cas ; nous avons trop d’exemples d’hôpitaux qui ne voient dans leurs structures d’urgence que le moyen d’éponger une partie de leur gouffre financier en pillant - il n’y a pas d’autre mot - en pillant des ressources qui leur ont été affectées par les plans d’urgence successifs.
  • Nous dénonçons aussi tout ce qui, au nom de l’urgence, sert, dans nombre d’établissements publics, à financer des sur-rémunérations qui amputent d’autant les ressources financières des urgences ; les astreintes et les gardes sont, en effet, souvent utilisées comme variable d'ajustement pour augmenter les salaires de spécialistes qui n’ont qu’une pratique lointaine de l’urgence
  • Nous dénonçons aussi le détournement des ressources de l’urgence par le secteur privé lucratif qui revendique une place de premier rang, mais qui ne fait pas toujours face à ses obligations.
  • Nous demandons que les ressources aillent là où il faut
    • pour couvrir les besoins du fonctionnement, sachant que beaucoup de structures sont encore sous-dotées en dépit des plans urgences,
    • pour assurer les besoins de formation continue qui sont particulièrement importants et mal couverts dans les métiers de l’urgence ,
    • pour assurer une juste valorisation du temps de travail de la permanence des soins hospitalière
    • et pour prendre en compte la très réelle pénibilité de l’exercice au quotidien de l’urgence, jour et nuit…
  • Nous comptons sur vous pour que la re-discussion  en cours de la Directive européenne sur le temps de travail ne vienne pas tout remettre en question.
Le deuxième plan de notre inquiétude est en rapport avec les inacceptables attaques médiatiques dont les structures d’urgences ont été l’objet de la part de la fédération nationale des services d’incendie et de secours. Etonnantes attaques  d’un service public à l’encontre d’un autre !

Le Président de la République a bien remis les choses en place et nous savons que vous y avez été pour beaucoup.

Il a demandé que nous nous mettions tous autour de la table de discussion. Nous ne regrettons pas le temps que nous y avons consacré ; cela a permis d’utiles clarifications. Nous vous remettrons dans quelques jours les conclusions de ces travaux.

Mais, attention !, nous resterons très vigilants sur la suite.

Il ne faudrait pas que nous ayons écrit tout cela pour que rien ne change sur le terrain.

Nous serons tout particulièrement vigilants sur deux points :
  • il ne s’agit pas que les ressources hospitalières continuent à financer les services d’incendie ;
  • il ne s’agit pas, non plus, que des infirmiers hospitaliers continuent à être dévoyés par certains Sdis, dans des conditions qui dérogent aux règles de la qualité et de la sécurité.
Le troisième plan de nos inquiétudes est relatif aux réformes qui s’annoncent.  Non pas que nous pensions qu’il soit inopportun de réformer, mais pas  dans n’importe quelles conditions.

Nous serons très attentifs aux délégations de compétences. Il ne s’agit pas de créer une  urgence à deux vitesses, avec des offres dégradées pour les patients les plus isolés… qui méritent plus d’attention et non pas moins d’attention que les autres.

Nous serons très attentifs à une couverture pertinente et complète du territoire.

Il faut pour cela compléter le maillage actuel :
  • en rebasant les enveloppes des missions d’intérêt général et en garantissant leur réelle affectation aux structures d'urgences par les directions hospitalières et non au comblement des déficits abyssaux de l'hôpital !
  • en renforçant la régulation médicale autour du numéro unique d’appel à l’aide médicale urgente et à la permanence des soins, qui permet une bonne adéquation entre le besoin et la réponse
  • en associant mieux le public ; nous sommes , à cet égard, frappés d’un résultat de notre enquête : 59% des répondants estiment que, pour améliorer la qualité du SAMU-Centre 15, il faudrait en priorité mieux informer le public sur le fonctionnement des services d’urgences et des permanences
  • en continuant à tisser le réseau territorial composé
    • de Smur et d’antennes de Smur
    • de structures d’accueil des urgences de proximité et de référence
    • d’ambulanciers privés (que l’on oublie trop souvent)
    • d’hélicoptères sanitaires,
    • mais aussi de médecins correspondants Samu qui peuvent naturellement être des médecins du service de santé des sapeurs pompiers (dont il y a tout à gagner à promouvoir l’intégration dans les SROS et, plus généralement, dans les logiques sanitaires)
  • en trouvant de nouvelles façons d’intégrer les généralistes à la réponse aux urgences
  • en réglant l’ajustement des réformes sur l’évaluation des pratiques, et non pas sur des considérations dogmatiques ou politiques.

Voilà, Madame la Ministre, sur quoi reposent nos préoccupations et nos inquiétudes.

Vous voyez qu’il y a de quoi !

L’année qui nous sépare du prochain congrès sera une année capitale.

Vous pouvez compter sur notre pragmatisme et notre solide bonne volonté.
Mais vous devrez aussi compter, Madame la Ministre, avec notre vigilance et notre détermination dans le combat pour l'égalité d'accès au juste soin en situation d'urgence.
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