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Enquête SUdF en Juillet 2022 - Le rapport
Tags : Flash, enquete, juillet, 2022, SAMU, SMUR, Urgences, SAS
RÉSULTATS DE L’ENQUÊTE SUdF
SITUATION DES URGENCES EN JUILLET 2022
1. LE CONTEXTE
Notre système de santé traverse une crise sanitaire sans précédent, accélérée cet été par les difficultés majeures en ressources humaines, la fermeture de lits d’hospitalisation et une moindre disponibilité de l’offre de soins libérale liée aux congés estivaux. Dans ce contexte, l’accès aux soins urgents et aux soins non programmés sont menacés, et les structures d’urgences sont mises en surtension.
C’est dans ce contexte que la “mission flash” pilotée par François BRAUN a émis 41 recommandations pour l’été. Leur mise en œuvre opérationnelle est appuyée par la parution d’une instruction urgente diffusée aux directeurs généraux des ARS le 10 juillet 2022.
SAMU-Urgences de France (SUdF) a tenu à effectuer au cœur de l’été un point de situation auprès des équipes de professionnels de l’urgence afin de mesurer les difficultés rencontrées et l’impact de la mise en œuvre des recommandations de la mission flash.
2. L’ENQUETE
Diffusée via un formulaire en ligne, elle a recueilli 707 réponses pour 686 formulaires exploitables.
331 établissements de santé et 92 départements sont représentés.
3. LES CHIFFRES CLES
4. CARTE D’AUGMENTATION DE L’ACTIVITE DES SAU
5. CARTE D’AUGMENTATION DE L’ACTIVITE DES SAMU-CENTRE 15
6. SITUATION DANS LES SERVICES D’ACCUEIL DES URGENCES (SU)
331 établissements ayant un SU ont adressé une réponse, soit environ la moitié des SU du territoire national (3 établissements militaires, 35 établissements privés et 293 publics).
Concernant leurs ressources humaines, ils déclarent être en difficulté sur les ressources médicales pour 90% d’entre eux et pour les ressources non médicales pour 89%. 73% de ces établissements ont recours à des solutions d’intérim durant cet été.
95% des SAU déclarent rencontrer des problématiques importantes de disponibilité de lits d’hospitalisation pour leurs patients.
Simultanément 72 établissements (22%) ont eu recours à une réduction capacitaire ou une fermeture totale de leur UHCD.
Les SU ont enregistré durant le mois de juillet 2022 une augmentation d'activité en moyenne de 12,3% soit environ 180.000 passages de plus qu'en 2021 sur la même période. Cette augmentation est de 10% dans les départements où une régulation médicale préalable à l’accès au SU a été mise en place
(cf. carte d’augmentation de l’activité des SU).
88 établissements (26%) ont mis en place une restriction d’accès, dont 67 avec une régulation médicale systématique par le Samu-Centre 15 pour autoriser l’accès aux urgences (recommandation n°23).
42 établissements ont été contraints de réaliser une fermeture totale de nuit de leur SU pour un nombre cumulé de 546 nuits en juillet. De jour ce sont 23 établissements qui ont réalisé une fermeture totale pour un nombre cumulé de 208 jours (recommandation n° 24).
Mesures générales :
Dans ces circonstances 65 établissements (20%) de santé ont déclenchés leur plan blanc.
Une campagne d’information sur le bon usage des SU aurait été réalisée dans seulement la moitié des SU interrogés représentant 79 départements (recommandation n°1).
Selon 51 établissements, une entraide territoriale aurait été mise en place lors de la fermeture d’une structure, dont l'équipe serait venue en renfort de la structure d'appui (recommandation n° 24).
Enfin, le service de santé et de secours médical des sapeurs-pompiers (3SM) est venu en renfort des urgences intra hospitalières dans seulement 10 établissements (recommandation n°27).
Commentaires :
Compte tenu de la suractivité inhabituelle s’ajoutant aux flux estivaux importants dans certaines régions, du déficit majeur de personnels soignants et médicaux, et de l’indisponibilité des lits, très insuffisants pour permettre les hospitalisations nécessaires, les SU sont en très grande fragilité. La mise en œuvre des recommandations de la mission flash est insuffisante et ne permet pas d’assurer une fluidité et un fonctionnement sécuritaire dans le SU.
La situation attendue au mois août va encore se dégrader, avec une augmentation des fermetures institutionnelles de lits et une diminution de la disponibilité de l’offre soignante libérale liée aux congés.
Sans mesures contraignantes, il faut s’attendre à l’évolution rapide vers une situation explosive, qui aura comme première conséquence de nouveaux départs de personnels médicaux et/ou paramédicaux fuyant cette maltraitance institutionnelle.
SUdF demande :
- la mise en œuvre d’une réelle politique de mise à disposition des lits d'aval des urgences à hauteur du BJML (besoin journalier minimal en lits) dans tous les établissements. Si nécessaire, les établissements doivent avoir recours à une déprogrammation afin de permettre de récupérer du capacitaire ;
- d’exiger du secteur privé de participer à l’aval des urgences et à une organisation PDSES partagée sur chaque territoire.
7. SITUATION DANS LES SAMU-CENTRE 15
97 SAMU ont répondu (sur les 102 du territoire national).
Concernant leurs ressources humaines, ils déclarent être en difficulté sur les ressources médicales pour 98% d’entre eux et pour les ressources non médicales pour 95%. 68% de ces établissements ont recours à des solutions d’intérim durant cet été.
Les SAMU ont enregistré durant le mois de juillet 2022 une augmentation d'activité en moyenne de 21,5% comparativement à celle de 2021 à la même période. 21 départements ont une augmentation supérieure à 30%, dont 42% ayant mis en place une régulation médicale systématique pour autoriser l’accès aux urgences (cf. carte d’augmentation de l’activité des SAMU).
Au total 42 départements (43%) ont mis en œuvre une régulation médicale systématique par le SAMU-Centre 15 avant l’accès aux SU (recommandation n°23).
86% des SAMU estiment que cette inadéquation entre les ressources humaines disponibles et l’importante augmentation d’activité occasionne des difficultés de fonctionnement et de sécurité dans leur exercice.
Commentaires :
Les SAMU font face à une surtension consécutive à la campagne d’information « faites le 15 », à la conjoncture sanitaire et à une insuffisance de ressources libérales disponibles pour assurer les soins non programmés. Certains SAMU se retrouvent dans une impasse lorsqu’ils doivent réorienter certaines demandes de soins, sans avoir aucune alternative.
Cette période n’a pas pu être anticipée, et les ressources humaines ne sont pas suffisantes occasionnant des délais allongés dans la gestion des appels et une prise de risque médico-légal pour les professionnels. Les recrutements sont hasardeux en cette période estivale. Les conditions de sécurité ne peuvent pas être réunies dans de telles circonstances.
La mise en œuvre de la réforme des transports sanitaire est encore très hétérogène et occasionne des difficultés supplémentaires, notamment pour les sorties des urgences sans solution du fait de l’exclusivité d’activité des ambulances mise à disposition pour réaliser les missions d’urgences préhospitalières.
SUdF demande :
- de donner les moyens sans délai aux établissements pour permettre le renforcement des ressources humaines des centres 15. De nombreux établissements attendent l'officialisation de l'augmentation de la MIG SAMU pour engager des embauches. Par ailleurs il est indispensable de prolonger au-delà du 30 septembre 2022 la date limite concernant la mesure permettant de faciliter le recrutement d'ARM pour l'été, tant ces recrutements sont compliqués en cette période estivales et les besoins seront toujours présents à l'automne ;
- de prendre toutes les mesures nécessaires pour augmenter le nombre de points d'accueil de soins non programmés mis à disposition des centres 15 (ouverture des maisons médicales de garde hors PDSA, créneaux de consultation non programmés auprès des généralistes, offres des CPTS…) afin d'avoir des solutions alternatives au “tout urgences”.
8. SITUATION DANS LES SMUR
269 établissements sièges de SMUR ont répondu (81% des SMUR du territoire national).
75 SMUR ont été dans l’obligation de fermer une ligne de SMUR faute de personnels, dont 2 qui ont fermé 2 et 4 lignes simultanément.
18 SMUR ont effectué une fermeture totale de leur activité SMUR (1 seule ligne fonctionnelle), contrairement aux consignes nationales.
30 SMUR déclarent avoir mis en œuvre une équipe paramédicale mobile d’urgences (EPMU) dont 21 dans des établissements sièges de SAMU et 5 pour remplacer la fermeture d’un SMUR médicalisé (recommandation n°22).
Commentaires :
Les SMUR sont utilisés en variable d’ajustement privilégiant le maintien d’une équipe d’urgences intra-hospitalière à celle du préhospitalier. Cette politique impacte clairement la prise en charge de l’urgence vitale, et va à l’encontre des recommandations de la mission flash. La solution identifiée par certains établissements de confier la médicalisation des SMUR aux médecins des 3SM ne doit pas être pérennisée, même si elle permet d’éviter une fermeture temporaire. En effet, c’est un signal négatif envoyé à nos jeunes collègues urgentistes. Nous devons œuvrer pour maintenir des conditions d'exercice attractives et éviter la fuite des médecins urgentistes de nos services et de l'hôpital public. Cela passe notamment par le maintien d'une polyvalence d'exercice associant aussi urgences intra-hospitalières et préhospitalières.
La création des EPMU est autorisée à titre dérogatoire et temporaire pour l’été. SUdF souhaite positionner différemment ces échelons intermédiaires permettant d’avoir une réponse graduée dans les moyens SMUR préhospitaliers engagés par la régulation médicale permettant une optimisation des ressources sans dégrader la qualité et la sécurité des soins. SUdF proposera à la fin de l’été un cadre de fonctionnement de ces moyens paramédicaux qui seront une base de discussion pour structurer les réflexions à venir.
SUdF demande de :
- sanctuariser le maillage territorial des SMUR et leur médicalisation par des urgentistes qualifiés (conformément à la règlementation en vigueur) et ayant un exercice polyvalent en médecine d’urgence ;
- renforcer les effectifs médicaux et paramédicaux des Services d’accueil des Urgences avec les personnels 3SM disponibles et/ou en dehors de leurs interventions opérationnelles.
9. EXERCICE PROFESSIONNEL
Au décours de cette crise sanitaire qui perdure depuis 2 ans ½ et qui a lourdement impacté les structures d’urgences, il semble indispensable de reconnaître la pénibilité surajoutée de cette période estivale pour nos personnels.
SUdF demande :
- la revalorisation des personnels paramédicaux soignants dont doivent faire partie les ARM et les ambulanciers (et les inclure explicitement dans les mesures de cet été !) ;
- la reprise de l’ancienneté oubliée dans les mesures du Ségur pour les PH nommés avant 2020 ;
- le doublement des indemnités des gardes de nuit et de week-end, avec un TTA mensualisé et défiscalisé (avec maintien des cotisations sociales).
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