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Les praticiens hospitaliers considèrent à 70% que le statut n'est pas attractif pour les jeunes, selon une enquête de l'INPH

Publié le 18/01/2010
Tags : Vie syndicale Statut de PH Inph
PARIS, 18 janvier 2010 (APM) - Le statut actuel des praticiens hospitaliers ne serait pas attractif pour les jeunes, selon 70% des 1.440 praticiens ayant répondu à une enquête de l'Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH).

L'intersyndicat a présenté les conclusions de ce sondage lors de son colloque organisé jeudi à Paris sur le thème "statuts et contrats".

L'enquête mise en ligne sur le site internet de l'INPH a été menée du 12 décembre 2009 au 12 janvier 2010 et a recueilli 1.440 réponses exploitables. L'échantillon comprend 64% d'hommes, 61% de praticiens exerçant en CHU, 83% de PH à temps plein, 6% de PH à temps partiel, 4% de chefs de clinique assistants, 3% de contractuels, 2% de maîtres de conférences des universités-praticiens hospitaliers (MCU-PH) et 1% de professeurs des universités-praticiens hospitaliers (PU-PH) et de praticiens attachés.

Il était composé à 73% de médecins, 10% de chirurgiens, 7% d'anesthésistes, 5% de biologistes, 4% de pharmaciens et 1% d'odontologistes.

L'enquête montre que 71% estiment que le statut doit être défendu tel quel mais 48% considèrent qu'il n'est plus adapté, 70% qu'il n'est pas attractif pour les jeunes et 90% qu'il ne reconnaît pas les compétences individuelles.

La formation médicale continue (FMC) est mal indemnisée pour 88% des répondants et 63% considèrent que la qualité des soins doit être valorisée par un bonus salarial.

Ils sont 72% à estimer que la pratique médicale hospitalière publique est compatible avec une rémunération forfaitaire mensuelle mais 58% (de l'ensemble des répondants) s'opposent à l'idée d'associer cette rémunération forfaitaire à une part liée à l'activité et 63% à une part liée aux missions hors soins.

Par ailleurs, 80% pensent que la pratique médicale hospitalière publique est incompatible avec une rémunération liée exclusivement à l'activité.

Seulement 26% accepteraient de passer un contrat avec leur directeur pour obtenir une rémunération complémentaire fondée sur l'atteinte d'objectifs de volume d'activité définis dans un contrat. Sur ces répondants, 27% la fixeraient à 10% de leur salaire, 43% à 20%, 17% à 50% et 12% à 100%.

S'agissant de la mesure de la loi hôpital, patient, santé, territoires (HPST) interdisant à un praticien ayant passé cinq ans à l'hôpital de s'installer dans le secteur libéral en concurrence avec cet hôpital, 80% rejettent l'idée que cela permettrait de garder les meilleurs à l'hôpital et 85% estiment même que cela inciterait les jeunes à quitter l'hôpital avant cinq années d'ancienneté.

Ils sont 77,5% à penser que cette contrainte doit être compensée par une prime d'exclusivité et 76% que cette mesure ne doit pas s'appliquer aux praticiens hospitaliers déjà nommés.

Les répondants indiquent que leur choix d'exercer à l'hôpital public a été motivé à 46% par l'attachement au service public et à 26% par le travail en équipe.

Les conditions matérielles d'exercice et la pénibilité de la permanence des soins sont citées parmi les difficultés qui pèsent le plus sur l'exercice professionnel quotidien, par respectivement 36% et 20% des praticiens.

L'augmentation du salaire (36%) et l'amélioration des conditions de travail (27%) arrivent en tête des mesures à prendre pour améliorer l'attractivité des carrières hospitalières.

Enfin, si les praticiens interrogés devaient choisir leur carrière aujourd'hui "dans l'état actuel de la profession", près d'un tiers d'entre eux (31,9%) ne referaient pas le même choix et 20% ne se prononcent pas.

MODERNISATION DU STATUT

La présidente de l'INPH, Rachel Bocher, a mentionné jeudi lors du colloque l'ouverture de négociations sur le statut "à la fin de ce mois". "Nous devons saisir cette année la chance de moderniser notre statut sans tabou et sans état d'âme car notre responsabilité est engagée", a-t-elle poursuivi.

Pour elle, le sujet de l'incitation financière est "incontournable" pour le recrutement médical à l'hôpital mais les modifications du statut ne doivent pas "se tourner exclusivement" vers un intéressement à la productivité car cela ne permettra pas d'impliquer les praticiens dans la vie de l'établissement, ni de pérenniser l'engagement à l'hôpital ni d'"enrayer le turn-over permanent qui déstructure, déresponsabilise et décourage".

Elle a précisé que son organisation syndicale plaidait pour une carrière "non monolithique" et pour la revalorisation des astreintes. L'INPH juge nécessaire de maintenir un statut national reconnu et que les contrats soient fondés sur le volontariat.

La directrice de l'hospitalisation et de l'organisation des soins (Dhos), Annie Podeur, n'a pas fait référence dans son discours de près de trois quarts d'heure à l'ouverture de négociations, note-t-on. Elle a pourtant cité plusieurs "grands chantiers" pour 2010, notamment le développement professionnel continu (DPC), pour lequel une concertation plénière devrait être organisée dans les prochaines semaines, et l'ouverture de négociations sur l'Institution de retraite complémentaire des agents non titulaires de l'Etat et des collectivités publiques (Ircantec).

Après avoir détaillé le nouveau statut de praticien recruté sur contrat , Annie Podeur a simplement indiqué qu'il s'agissait d'"une solution" qui "n'interdi[sait] pas l'adaptation du statut [de PH] sur la fluidité des carrières, sur la publication rapide des postes vacants, sur les rapprochements des PH temps plein et temps partiel".

Elle a souligné que les statuts d'assistant des hôpitaux et de praticien attaché seraient conservés car ils apparaissaient "adaptés à des problématiques spécifiques".

La vice-présidente de l'Intersyndicat national des internes des hôpitaux (Isnih), Alice Deschenau, a confirmé lors d'une table ronde que le statut manquait d'attractivité pour les jeunes. Elle a estimé que l'accueil des internes et leur intégration à la vie et aux projets des hôpitaux devaient être améliorés et qu'il fallait valoriser l'image de l'hôpital auprès des internes.

Le secrétaire général de l'INPH, Alain Jacob, membre de la mission pilotée par Elie Aboud sur la promotion et la modernisation des recrutements médicaux à l'hôpital public, a également souligné la nécessité d'une évolution du statut valorisant le praticien et son cadre d'activité, et de la reconnaissance de la "modularité" de la carrière des praticiens "dans le temps, l'activité et la rémunération".

Il a déploré que les propositions formulées par la mission et remises fin juillet 2009 à la ministre de la santé, Roselyne Bachelot,n'aient pas encore eu de suite. Il a tenu à souligner que la partie sur le contrat de clinicien hospitalier était une toute petite partie du rapport.

Enfin, Xavier Deau, vice-président du Conseil national de l'Ordre des médecins (Cnom), a estimé de son côté que la sécurité procurée par le statut devait pouvoir être renégociée dans certains cas.
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