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Pénibilité du travail de nuit des médecins hospitaliers : lettre ouverte et plateforme de revendications

Publié le 24/06/2010
Tags : Vie syndicale Qualité de vie Intersyndicales
Monsieur le Président de la République,

Neuf syndicats de Praticiens Hospitaliers représentant des spécialités* et statuts** fortement impliqués dans la permanence des soins hospitalière, vous interpellent sur la pénibilité de nos professions et son retentissement. En effet, cette pénibilité cumulée au fil des années est totalement occultée du débat actuel.

Les médecins hospitaliers qui exercent dans les hôpitaux publics de France passent quatre à cinq années minimum de leur carrière en travail de nuit ou de week-end. Les effets induits de ce travail de nuit sont connus et documentés, ce sont des troubles cardio-vasculaires, des cancers, des troubles du sommeil, des troubles psychologiques et des morts violentes.

Dévoués à notre profession reconnue stressante et difficile, assurant une permanence 24h sur 24  sur l'ensemble du territoire, nous réalisons de fortes amplitudes horaires souvent bien au delà des 48 heures hebdomadaires qui constituent le maximum réglementaire européen.

Les Praticiens Hospitaliers prennent déjà leur retraite en moyenne à 63,8 ans, nous n’avons pas de problème d’emploi des seniors, et ne bénéficions pas de retraite précoce.

La démographie actuelle des praticiens hospitaliers nous oblige désormais à continuer à travailler la nuit jusqu’à notre départ en retraite posant des problèmes de sécurité pour nos patients. Nous ne disposons d’aucun aménagement de fin de carrière qui pourrait nous permettre de limiter notre épuisement.

Le dépistage individuel des praticiens devenus invalides n'est pas satisfaisant.  Nous exigeons une véritable reconnaissance de notre engagement et la prévention des conséquences dramatiques de cette pénibilité aisément quantifiable.

Nous avons des propositions que nous souhaitons vous exposer, afin d’établir enfin un dialogue constructif et trouver ensemble des solutions.

Traiter ce difficile problème par le mépris aggraverait l’incompréhension, la démotivation et la colère des acteurs de terrain et surtout favoriserait encore plus le désengagement du service public.

Totalement mis à l'écart des débats en cours, las des promesses non tenues et du vide relationnel actuel, nous demandons la  mise en place sans délais de négociations sur la pénibilité liée au travail de nuit de nos métiers.

Notre engagement sans réserve dans l’exercice de notre métier justifie une réponse de votre part. Nous n’en doutons pas et c’est dans cette attente que nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de nos respectueuses salutations.

*pédiatrie, obstétrique, anesthésie réanimation, chirurgie et urgences
** hospitaliers et hospitalo-universitaires

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                         Plateforme de revendications
 PENIBILITE DU TRAVAIL DE NUIT DES MEDECINS HOSPITALIERS
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1)    La pénibilité du travail de nuit des médecins hospitaliers, qui représente des « conditions spécifiques d’exercice des métiers à forte contrainte de temps »  concerne toutes les spécialités à permanence des soins, quels que soient l’âge, la spécialité et le statut. Cette pénibilité commence dès le 3ème cycle (DES).

2)    Elle concerne tous les types d’exercice de nuit, à savoir la permanence des soins sur place ou l’astreinte déplacée.

3)    Cette pénibilité a des effets reconnus sur la santé et la qualité de vie après la retraite.

4)    Le travail de nuit est une des 3 pénibilités reconnues par les pouvoirs publics. Les médecins hospitaliers participant à la permanence des soins entrent dans la catégorie des métiers à pénibilité reconnue. Le travail en permanence des soins est  objectivable  et quantifiable.

5)    La pénibilité liée au travail de nuit se cumule avec les autres pénibilités reconnues que sont les horaires atypiques et les horaires alternants, sans oublier la durée hebdomadaire de travail importante.

6)    Le travail de nuit dans les services publics est nécessaire et irréductible, donc la pénibilité du travail de nuit restera présente et doit être reconnue et compensée.


RECONNAISSANCE DE LA PENIBILITE DU TRAVAIL DE NUIT :

7)    La première négation de la pénibilité du travail de nuit est sa non prise en compte en terme de demi-journées : une nuit sur place de 14 heures doit compter pour 3 demi-journées.

8)    La deuxième négation est la non reconnaissance en terme de rémunération : toutes les permanences de soin sur place doivent être rémunérées au même tarif, à savoir 450 euros. Actuellement l’heure de nuit est rémunérée à un taux inférieur à l’heure de jour, ce qui est une injustice notoire. 

9)     La troisième négation est le mépris dans lequel est tenu le travail en astreinte : le temps de déplacement en astreinte est dans les faits et malgré l’arrêté de 2003 non reconnu comme du temps de travail, et le repos quotidien après déplacement n’est pas respecté. De plus et malgré les promesses, les astreintes ne sont toujours pas incluses dans l’assiette de cotisation IRCANTEC. Le temps de travail en astreinte est du travail dissimulé.

PENIBILITE DU TRAVAIL DE NUIT DES MEDECINS HOSPITALIERS ET RETRAITES

10)     A partir d’un certain seuil quantifiable et fixé à un minimum de 1000 permanences de soins sur une carrière, le travail de nuit doit être compté comme une pénibilité car il a des conséquences reconnues en terme de santé.

11)    Cela impose la reconstitution individuelle par un curriculum laboris de l’exposition individuelle au facteur de risque que constitue le travail de nuit. Ce curriculum laboris devra individualiser les gardes effectuées avant 1996, (date d’inclusion des gardes dans l’assiette de cotisation : toutes les gardes effectuées avant sont neutres en terme de retraite),  et celles effectuées avant 2003, date d’instauration par la loi du repos quotidien post garde (double peine avant 2003).

12)    Quelles compensations ?

a.    Au delà de 1000 nuits travaillées, quel que soit l’âge du médecin, on ne peut pas imposer de travailler plus de 160 trimestres, et ce afin de protéger la santé et la qualité de vie pendant la retraite.

b.    A partir de 60 ans, le médecin qui ne désire plus effectuer de garde ne peut se le voir imposer.

c.    Au delà de 1000 nuits travaillées, le médecin qui continue à être exposé au risque doit obtenir des compensations : doublement des cotisations IRCANTEC  sur la rémunération de nuit, part salariale et part employeur.

d.    Aménagements de fin de carrière : cela peut concerner notamment toutes les possibilités de travail à temps réduit ou l’orientation vers des travaux moins usants pour la santé si le médecin le désire.

e.    Pour les titulaires hospitalo-universitaires, les gardes et astreintes  doivent également être valorisées dans le cadre du calcul de la rente.

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                    Organisations signataires :

  • COLLEGIALE PUPH d’ ANESTHESIE REANIMATION – Pr Pierre SCHOEFFLER Centre Hospitalier Universitaire de Clermont Ferrand
  • FEDERATION DES PRATICIENS DE SANTE – Hanni Jean TAWIL Centre Hospitalier d’Orsay
  • SAMU-URGENCES de FRANCE - Marc GIROUD Centre hospitalier de Pontoise
  • SYNDICAT NATIONAL DES MEDECINSANESTHESISTES REANIMATEURS NON UNIVERSITAIRES – Dr James BRODEUR Centre Hospitalier de Bourges
  • SYNDICAT NATIONAL DES MEDECINS REANIMATEURS DES HOPITAUX PUBLICS – Pr Jean Luc DIEHL Hôpital Européen G Pompidou Assistance Publique Hôpitaux de Paris
  • SYNDICAT NATIONAL DES PEDIATRES EN ETABLISSEMENT HOSPITALIER - Jean Louis CHABERNAUD Hôpital Antoine Beclere Assistance Publique Hôpitaux de Paris
  • SYNDICAT NATIONAL DES PRATICIENS HOSPITALIERS ANESTHESISTES REANIMATEURS -ELARGI - Nicole SMOLSKI Centre Hospitalier Universitaire de Lyon
  • SYNDICAT NATIONAL DES MEDECINS ET PRATICIENS SALARIES. DES HOPITAUX ET ETABLISSEMENTS DE SOINS PRIVES Philippe AILLERES Hôpital Saint Joseph Paris
  • SYNDICAT NATIONAL DES GYNECOLOGUES OBSTETRICIENS DE FRANCE -  Dr Jacques FAIDHERBE Centre Hospitalier Universitaire de Montpellier
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