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Régulation médicale d’accès aux urgences : qui, comment, où ?

Publié le 30/06/2023
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La crise sanitaire de l’été 2022, conséquence d’une saturation de l’offre de soins en ville comme à l’hôpital et de difficultés majeurs en ressources humaines a officialisé une pratique jusque-là exceptionnelle de régulation d’accès aux services d’accueil des urgences.
La recommandation 23 de la mission flash Braun, a ainsi rendu possible cette régulation médicale des admissions en service d’urgence par dérogation, laquelle est toujours d’actualité en application d’arrêtés successifs.

De nombreux services d’urgences, sont en situation d’encombrement chronique, voire de saturation conséquence d’un manque de ressources le plus souvent médicales, d’un aval déficitaire et d’une part de consultants inappropriés ne trouvant pour certains pas d’autre solution pour accéder aux soins. Une des solutions palliatives reste de diminuer le nombre de consultants. En France comme dans de nombreux pays, on le sait 30 à 40% des patients ne nécessitent pas l’expertise technique et médicale d’un service d’urgence et pourraient être pris en charge d’autres structures.
La mise en place non préparée de cette régulation médicale préalable à l’accès des SU a cependant occasionné un transfert de charge sur les plateformes des Centre 15, les mettant en suractivité avec des ratios de personnels non adaptés.

Un an plus tard, des départements ont organisé ce mode de régulation médicale d’accès essentiellement sur les horaires de nuit. Les résultats sont probants comme par exemple en Lot et Garonne, avec une baisse d’activité des SU de l’ordre de 10 à 15% sur l’activité globale et de 30 à 40% lorsque l’on prend uniquement en compte les patients se présentant spontanément. En regard, on observe une augmentation de l’activité des centres de régulation de 10 à 15%.
La régulation d’accès des SU peut prendre plusieurs formes : l’accueil physique avec réorientation, ou la régulation médicale par le SAMU-SAS. Les 2 sont sans doute complémentaires. Le premier ne bénéficie pas à ce jour de valorisation, et il faudra nécessairement que la réforme de financement des SU intègre cette pratique. Le second dispose de réels avantages, en particulier celui de faciliter le bon parcours de soins pour chaque patient de par les outils qu’il utilise au quotidien.
Le SAMU-SAS représente le bon outil pour proposer une régulation médicale de l’accès aux soins et l’identification du parcours de soins le plus adapté, deux éléments essentiels dans un système où l’offre est saturée voire rare.

Le SAMU-SAS, c’est :

  • Un numéro unique à même de répondre aux besoins de soins non programmés comme à ceux de l’urgence,
  • La catégorisation de chaque appel par des professionnels de santé, pour traiter sans délai l’urgence vitale et fluidifier le traitement de tous les appels,
  • La collaboration sur une même plateforme de médecins généralistes, d’urgentistes chacun apportant son expertise,
  • L’accès à des créneaux de consultation de soins non programmés auprès des généralistes ou de structure de soins pour éviter des passages non nécessaires en SU,
  • La mise à disposition d’autres compétences : psychiatriques, périnatale, médico-sociale, dentaire, pédiatrique ou l’usage de la télé-expertise, télémédecine ou visio-régulation pour optimiser l’adaptation de la réponse

Pour ces raisons, Samu-Urgences de France défend l’idée de la nécessaire mise en place d’une régulation d’accès des structure d’urgence pour préserver le fonctionnement de ces services à haute technicité et expertise, en évitant les mésusages, mais également pour des raisons économiques évidentes.

Le décret à paraître prochainement de réforme des autorisations de médecine d’urgence intégrera cette possibilité soit à titre provisoire en réponse à une situation de difficulté de fonctionnement d’un SU mais surtout comme mode d’organisation territorial pérenne.
Cette régulation d’accès doit se faire de manière coordonnée, préparée et par territoire, en respectant un certain nombre de prérequis : une organisation territoriale des soins non programmés offrant une réelle alternative, une plateforme de régulation médicale adaptée notamment avec des ressources suffisantes, une information du grand public.

Pour maintenir sa qualité de soins notre spécialité de médecine d’urgence doit poursuivre sa structuration pour mieux s’adapter au contexte sanitaire, aux besoins de la population mais également à l’attractivité des professionnels qui y exercent. La régulation d’accès fait partie de ces éléments d’évolution devenu incontournable.

Marc NOIZET
Président de Samu-Urgences de France
Juin 2023

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