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Rencontre de Samu de France avec la Ministre de la Santé le 17 juillet 2007

Publié le 19/07/2007
Tags : Infos du CA Information Divers
Mme la Ministre Roselyne Bachelot,
Antoine Perrin, Directeur-adjoint du Cabinet,
Charles Guepratte, Conseiller technique pour l’organisation des soins

Pierre Carli, Vice-président Samu de France,
Marc Giroud, Président de Samu de France


L'entretien est centré sur les quatre thèmes qui avaient été évoqués dans le discours du Président de Samu de France au Congrès Urgences en présence de la Ministre, le 30 mai 2007.

  1. La nouvelle gouvernance et les urgences

    Nous nous félicitons de l'acquis des différentes mesures en faveur de l'urgence mises en oeuvre ces dernières années. Mais nous dénonçons le détournement d'une partie des ressources du plan urgences vers d'autres secteurs de l'hôpital : les ressources allouées aux structures d’urgences sont, en effet, trop souvent la « variable d'ajustement » des plans hospitaliers de retour à l'équilibre financier. Ceci, alors que les moyens alloués aux urgences n’ont pas totalement couvert les besoins répertoriés en 2003 et que la demande n’a, depuis lors, cessé de croître.

    Plus largement, nous constatons avec inquiétude que l'hôpital, soumis aux contraintes de la nouvelle gouvernance, priorise, plus encore qu'auparavant, la « dimension noble » de l’hôpital, qui, aux yeux de la communauté médicale hospitalière, est la « médecine de référence », mais pas la médecine d'urgence.

    La Ministre entend nos préoccupations et les intégrera à la réflexion demandée par le Président de la République sur les missions de l'hôpital.

  2. La PDS en médecine ambulatoire

    Nous constatons la fin de l'organisation traditionnelle de la PDS en médecine ambulatoire. Pour une part, nous en comprenons les causes, notamment la démographie médicale et le changement de mode de vie des médecins. Mais nous dénonçons la suppression, pour les médecins libéraux, de l'obligation d'assurer des permanences. Il était sans doute logique de revoir l'organisation en l'allégeant quelque peu ; mais la suppression de l'obligation d'assurer des permanences laisse sans solution satisfaisante - et ceci sur une partie croissante du territoire - le problème des « visites incompressibles à domicile » (ex : jeune maman seule avec plusieurs enfants dont un est malade, personne âgée suivie à domicile et présentant un malaise justifiant un avis médical rapide, etc). Cette suppression constitue, en outre, une « bombe à retardement » : que dira-t-on, en effet, demain aux hospitaliers qui refuseraient de se soumettre à l'obligation d'assurer des gardes ?

    Les maisons médicales, pour utiles qu'elles puissent être, ne sont pas une panacée, notamment parce que, précisément, leur création s'est, le plus souvent, accompagnée de la suppression des visites à domicile.

    En revanche, les Médecins correspondants Samu (malheureusement encore trop peu nombreux) apparaissent comme une excellente réponse à l’exigence d’égalité territoriale face à l’urgence.
    La problématique de la PDS touche aujourd’hui également les périodes hors PDS officielle. Non seulement les samedis et les ponts, mais également la semaine : ainsi, par exemple, le jour de fermeture hebdomadaire d’un cabinet ou pendant les congés du médecin, les patients appellent le Samu pour des préoccupations relevant de la « continuité des soins ». Il est impératif que soit examiné aussi cet aspect de la question et que soit formellement organisée l’entraide entre les cabinets médicaux, de telle sorte que le patient, dans la journée, n’appelle pas le 15 pour parler, par exemple, du résultat de l’examen de laboratoire prescrit la veille par son médecin traitant.

    Le système est donc à repenser entièrement ; il faut, en effet, définir, pour les généralistes et les hospitaliers, de nouvelles missions et une nouvelle organisation.

    La Ministre, tout en entendant nos préoccupations, nous dit attendre le rapport de JY Grall.

    Une des demandes que, dans le système futur, nous formulerions à l’égard des généralistes serait d’« anticiper » au mieux les situations d’urgences en préparant, autant que faire se peut, le patient et son entourage aux évolutions les plus prévisibles de son état et en laissant, lorsque cela peut être utile, une fiche de liaison aux collègues susceptibles d’intervenir en urgence.

    Nous soulignons, à ce propos, l'intérêt majeur qu’aura le DMP pour la gestion des urgences (dès le temps de la régulation médicale) et nous nous félicitons de la qualité du travail auquel Samu de France a été associé au sein du GIP DMP.

    Dans cette attente, nous souhaiterions pouvoir disposer au moins pour les personnes âgées en maison de retraite d’une fiche de liaison médicale (cette préconisation avait été inscrite à notre demande dans la circulaire du 4 mai dernier, mais elle tarde à entrer en pratique).

    Une grande satisfaction, toutefois, dans l’évolution de la PDS ces dernières années : le succès de la régulation médicale. La régulation médicale est, en effet, le pivot non seulement de l’aide médicale urgente mais également aujourd’hui de la PDS. Ce succès est en grande partie lié à la participation des généralistes à la régulation médicale au sein des Samu-Centres 15. Nous soulignons, à cet égard, la nécessité de maintenir et de conforter l'unité de la régulation médicale. Ce qui suppose notamment deux choses : (1) renoncer à la fausse bonne idée (qui resurgit en ce moment) de mettre en place un numéro spécifique (le 33 33) pour la régulation libérale (nous rappelons les arguments en faveur de l'unité du centre de réception des appels) ; (2) définir pour les régulateurs généralistes un statut qui les satisfasse au sein de l'hôpital tout en garantissant la cohésion de l'équipe médicale de régulation (protocoles, EPP). La Ministre entend nos arguments et notre message d'unité de la régulation médicale.

    Nous évoquons l’intérêt du travail d’équipe réalisé, en synergie, entre médecins régulateurs urgentistes et médecins régulateurs généralistes, comme en témoigne, notamment, le travail sur la prescription médicamenteuse téléphonique engagé, à la demande de Samu de France, au sein de l’HAS.

    Enfin, le succès de la régulation médicale met - plus fortement encore que par le passé - en évidence la nécessité et l'urgence de définir une formation et un statut adaptés au « nouveau métier de permanencier ». La Ministre nous dit partager cette analyse, tout en soulignant avec nous que la valorisation des acquis et de l'expérience devra naturellement permettre de faire accéder au futur statut les permanenciers actuellement en poste.

  3. L’avenir des métiers de l’urgence et plus particulièrement du métier d'urgentiste

    Nous redisons (comme nous ne manquons pas une occasion de le faire depuis 2 ou 3 ans) la nécessité d'une réflexion prospective sur l'urgence et sur l’avenir des « métiers de l’urgence » (notamment, mais pas seulement, en rapport avec la redéfinition de la PDS) : démographie médicale, pyramide des âges, carrières, juxtaposition, demain, d’urgentistes issus du cursus actuel de la formation par la Cmu et ceux qui seront issus du Desc de médecine d’urgence, travail de nuit, temps de travail, pénibilité, incitations, risques, responsabilité ...

    La Ministre nous confirme l'engagement qu'elle avait pris au Congrès sur ce point.

  4. La formation initiale et continue des professionnels de l’urgence, médecins et paramédicaux

    Nous insistons sur l'intérêt du DESC de médecine d'urgence et sur la nécessité de développer le post-internat.

    Nous dénonçons l'indigence de la formation continue hospitalière en général et plus particulièrement pour la médecine d'urgence, tout en soulignant les besoins de formation des urgentistes : la culture médicale de l'urgentiste doit, en effet, couvrir un spectre extrêmement large de la médecine.
Nous concluons en insistant sur l'importance majeure de ce dernier point : la qualité et la sécurité de la pratique de l’urgence ne reposent pas seulement sur une organisation et une logistique efficaces, mais, aussi et surtout, sur la culture médicale des urgentistes. La culture médicale des urgentistes est, en outre, un facteur essentiel de la reconnaissance de la médecine d'urgence comme une des dimensions nobles de la médecine hospitalière et de l’attractivité de la discipline pour les nouvelles générations de médecins.

Marc Giroud
Président de Samu de France
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