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Urgences 2007 : Discours de Marc GIROUD, Président de Samu de France, en présence de Madame la Ministre de la Santé
Madame la Ministre, merci d’avoir tenu à venir personnellement pour ce premier contact. Merci également à votre administration dont nous tenons, à nouveau, à souligner la qualité – l’exemplarité même - de la concertation. À travers Annie Podeur, je l’en remercie.
Pour vous présenter, en deux mots, notre état d’esprit :
Madame la Ministre, vous avez devant vous des professionnels de l’urgence partagés, entre un immense enthousiasme et de très réelles inquiétudes.
L’enthousiasme, d’abord.
Il est avant tout alimenté par la confiance du public et la satisfaction de pouvoir répondre dans l’immense majorité des cas - et surtout les plus sérieux - à ses attentes dans des conditions très satisfaisantes de qualité et de sécurité.
D’extraordinaires progrès ont été réalisés ces 20 dernières années. D’autres sont devant nous.
La confiance du public et des autorités nous pousse à sans cesse améliorer nos pratiques et nos organisations ; raison, notamment, de notre participation à ce Congrès..
Au-delà des seules structures d’urgences, nous entendons contribuer à la construction de ce « réseau de l’urgence » défini dans les récents « décrets urgences ». Réseau qui a son « amont » et son « aval ».
C’est un immense chantier, pour lequel vous pouvez compter sur notre motivation et sur notre engagement, dans un esprit toujours constructif.
Mais, Madame la Ministre, vous êtes venue là ce matin pour entendre aussi ce qui pose problème. Et, je vous l’ai dit, nos inquiétudes sont réelles et profondes.
Schématiquement, il y en a quatre.
La première, c’est la gouvernance.
Au sein de l’hôpital, les mesures de redressement des comptes, de « retour à l’équilibre », portent souvent sur les dépenses les plus récemment budgétées, mais qui, faute de temps, ne sont pas encore réalisées : il suffit de les geler. Ainsi, le plan urgences et les crédits Migac sont-ils souvent détournés pour – seulement – « combler le trou ».
Pour la communauté hospitalière (aussi, d’ailleurs, bien les gestionnaires que les médecins), ce qui compte, ce sont les missions traditionnelles de l’hôpital ; pas l’urgence.
Ce que nous entendons dans nos établissements, c’est qu’ « on en fait trop pour l’urgence ! », que « l’urgence dérange » (et les urgentistes aussi, d’ailleurs …), c’est que, « les urgences, ce n’est pas rentable ».
Pour certains (naturellement, ils ne sont pas ici) la bataille de demain, ce serait de faire en sorte que l’urgence, enfin !, « rapporte des actes » et « trie » les patients en fonction de leur rentabilité pour l’établissement, en pratiquant une « régulation médicale sélective ».
Ce n’est pas, Madame la Ministre, ce que les professionnels que vous avez devant vous apprennent à faire en venant dans ce Congrès.
Deuxième préoccupation majeure : la permanence des soins.
Le dispositif traditionnel ne fonctionne plus comme il a fonctionné ; aussi bien en ville qu’en milieu isolé. Tout est à repenser. Il faut revoir le dispositif dans sa globalité. Avec pragmatisme. Nous apporterons donc notre contribution au travail que conduit Jean-Yves Grall.
Une lueur, toutefois, dans le domaine de la PDS : la participation des médecins généralistes à la régulation médicale au sein des Samu-Centres 51 est un réel succès et un atout majeur.
Malgré cela, la régulation médicale, pivot entre la ville et l’hôpital, et entre la permanence des soins et l’Aide médicale urgente, est en crise. En crise de croissance. Nous en avons, d’ailleurs, vu un symptôme très inquiétant au cours des fêtes de fin d’année 2006.
Les urgentistes que vous avez devant vous s’épuisent sur le front de la régulation médicale.
Les plus jeunes, d’ailleurs, la « désertent », tant les responsabilités y sont lourdes et les conditions de travail harassantes (en particulier la nuit).
La régulation médicale, enfin, nécessite, aux côtés des médecins régulateurs, des professionnels qualifiés : les permanenciers. Il y a là un nouveau métier à reconnaître et à promouvoir.
Troisième préoccupation : l’avenir des métiers de l’urgence.
Nous demandons qu’une réflexion soit engagée sur l’avenir des « métiers de l’urgence ».
Tout se transforme.
Que seront les métiers de l’urgence dans 10 ans ?
Cette question est à aborder sous tous les angles : démographie médicale, pyramide des âges, carrières, juxtaposition, demain, d’urgentistes issus du cursus actuel de la formation par la Cmu et ceux qui seront issus du futur cursus du Desc de médecine d’urgence, travail de nuit, temps de travail, pénibilité, incitations, risques, responsabilité …
Quatrième préoccupation : la formation continue des professionnels de l’urgence, médecins et paramédicaux.
Les paramédicaux ont d’insurmontables difficultés ne serait-ce qu’à venir à ces congrès.
La médecine d’urgence est le « parent pauvre » de la formation continue hospitalière dont le financement, souvent extérieur, valorise les spécialités fortement consommatrices de médicaments coûteux.
Or, une telle insuffisance de moyens dans ce domaine est en totale contradiction avec les besoins en formation des professionnels de l’urgence. Besoins qui sont, eux, les plus importants de toutes les spécialités médicales, du fait de l’extrême polyvalence des situations à prendre en charge.
Voilà, Madame la Ministre, nos préoccupations. Vous voyez qu’elles ne sont pas minces.
Mais, en dépit de ces grandes difficultés, nous tenons à vous dire que :
C’est ce projet que voulons vous faire partager.
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Pour vous présenter, en deux mots, notre état d’esprit :
Madame la Ministre, vous avez devant vous des professionnels de l’urgence partagés, entre un immense enthousiasme et de très réelles inquiétudes.
L’enthousiasme, d’abord.
Il est avant tout alimenté par la confiance du public et la satisfaction de pouvoir répondre dans l’immense majorité des cas - et surtout les plus sérieux - à ses attentes dans des conditions très satisfaisantes de qualité et de sécurité.
D’extraordinaires progrès ont été réalisés ces 20 dernières années. D’autres sont devant nous.
La confiance du public et des autorités nous pousse à sans cesse améliorer nos pratiques et nos organisations ; raison, notamment, de notre participation à ce Congrès..
Au-delà des seules structures d’urgences, nous entendons contribuer à la construction de ce « réseau de l’urgence » défini dans les récents « décrets urgences ». Réseau qui a son « amont » et son « aval ».
C’est un immense chantier, pour lequel vous pouvez compter sur notre motivation et sur notre engagement, dans un esprit toujours constructif.
Mais, Madame la Ministre, vous êtes venue là ce matin pour entendre aussi ce qui pose problème. Et, je vous l’ai dit, nos inquiétudes sont réelles et profondes.
Schématiquement, il y en a quatre.
La première, c’est la gouvernance.
Au sein de l’hôpital, les mesures de redressement des comptes, de « retour à l’équilibre », portent souvent sur les dépenses les plus récemment budgétées, mais qui, faute de temps, ne sont pas encore réalisées : il suffit de les geler. Ainsi, le plan urgences et les crédits Migac sont-ils souvent détournés pour – seulement – « combler le trou ».
Pour la communauté hospitalière (aussi, d’ailleurs, bien les gestionnaires que les médecins), ce qui compte, ce sont les missions traditionnelles de l’hôpital ; pas l’urgence.
Ce que nous entendons dans nos établissements, c’est qu’ « on en fait trop pour l’urgence ! », que « l’urgence dérange » (et les urgentistes aussi, d’ailleurs …), c’est que, « les urgences, ce n’est pas rentable ».
Pour certains (naturellement, ils ne sont pas ici) la bataille de demain, ce serait de faire en sorte que l’urgence, enfin !, « rapporte des actes » et « trie » les patients en fonction de leur rentabilité pour l’établissement, en pratiquant une « régulation médicale sélective ».
Ce n’est pas, Madame la Ministre, ce que les professionnels que vous avez devant vous apprennent à faire en venant dans ce Congrès.
Deuxième préoccupation majeure : la permanence des soins.
Le dispositif traditionnel ne fonctionne plus comme il a fonctionné ; aussi bien en ville qu’en milieu isolé. Tout est à repenser. Il faut revoir le dispositif dans sa globalité. Avec pragmatisme. Nous apporterons donc notre contribution au travail que conduit Jean-Yves Grall.
Une lueur, toutefois, dans le domaine de la PDS : la participation des médecins généralistes à la régulation médicale au sein des Samu-Centres 51 est un réel succès et un atout majeur.
Malgré cela, la régulation médicale, pivot entre la ville et l’hôpital, et entre la permanence des soins et l’Aide médicale urgente, est en crise. En crise de croissance. Nous en avons, d’ailleurs, vu un symptôme très inquiétant au cours des fêtes de fin d’année 2006.
Les urgentistes que vous avez devant vous s’épuisent sur le front de la régulation médicale.
Les plus jeunes, d’ailleurs, la « désertent », tant les responsabilités y sont lourdes et les conditions de travail harassantes (en particulier la nuit).
La régulation médicale, enfin, nécessite, aux côtés des médecins régulateurs, des professionnels qualifiés : les permanenciers. Il y a là un nouveau métier à reconnaître et à promouvoir.
Troisième préoccupation : l’avenir des métiers de l’urgence.
Nous demandons qu’une réflexion soit engagée sur l’avenir des « métiers de l’urgence ».
Tout se transforme.
Que seront les métiers de l’urgence dans 10 ans ?
Cette question est à aborder sous tous les angles : démographie médicale, pyramide des âges, carrières, juxtaposition, demain, d’urgentistes issus du cursus actuel de la formation par la Cmu et ceux qui seront issus du futur cursus du Desc de médecine d’urgence, travail de nuit, temps de travail, pénibilité, incitations, risques, responsabilité …
Quatrième préoccupation : la formation continue des professionnels de l’urgence, médecins et paramédicaux.
Les paramédicaux ont d’insurmontables difficultés ne serait-ce qu’à venir à ces congrès.
La médecine d’urgence est le « parent pauvre » de la formation continue hospitalière dont le financement, souvent extérieur, valorise les spécialités fortement consommatrices de médicaments coûteux.
Or, une telle insuffisance de moyens dans ce domaine est en totale contradiction avec les besoins en formation des professionnels de l’urgence. Besoins qui sont, eux, les plus importants de toutes les spécialités médicales, du fait de l’extrême polyvalence des situations à prendre en charge.
Voilà, Madame la Ministre, nos préoccupations. Vous voyez qu’elles ne sont pas minces.
Mais, en dépit de ces grandes difficultés, nous tenons à vous dire que :
- Nous portons en nous, profondément enraciné, le sens du service public.
- Nous entendons garantir au patient la sécurité et la qualité qu’il attend de nous ; ceci en tout lieu du territoire ; et honorer ainsi la confiance qu’il nous témoigne … Ce qui est notre seule ambition.
- Nous avons, pour cela, le projet de faire de la médecine d’urgence une discipline à part entière, avec un haut niveau d’organisation, de formation et de recherche.
C’est ce projet que voulons vous faire partager.